Abstract
L’un des défis majeurs actuels des gouvernements africains est l’éducation des jeunes. De nombreux efforts ont été déployés dans ce domaine depuis leurs accessions aux indépendances. Conséquence de ces efforts, l’initiative « Education Pour Tous » (EPT), née de la Conférence Mondiale sur l’éducation de 1990, vise à offrir à tous les enfants -garçons et filles- la possibilité d’accéder à un cycle complet d’enseignement primaire d’ici à 2015 et à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Elle a été érigée en 2000 comme un objectif du millénaire pour le développement (OMD n° 2).
Le Gouvernement Camerounais, dans sa marche vers la modernisation, a fait de l’éducation un secteur prioritaire du développement socio-économique. Cependant, nonobstant les moyens mis en œuvre, on constate encore des disparités entre les deux sexes : l’école n’est toujours pas accessible à tous les enfants, surtout au Nord du pays.
Cette étude est une contribution à la connaissance de facteurs qui expliquent les inégalités entre les sexes en matière de scolarisation, chez les enfants de 6-14ans dans les trois régions du Nord-Cameroun. Elle utilise les données de l’Enquête Démographique et de Santé et à indicateurs multiples (EDS-MICS, 2011), et procède par une analyse descriptive et une analyse explicative.
Au niveau explicatif, cinq facteurs ont été identifiés, ce sont le milieu de résidence, le sexe du chef de ménage, le niveau de vie du ménage, le nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage, et le lien de parenté de l’enfant avec le chef de ménage.
Introduction
D’après l’organisation des Nations Unies pour l’Enfance, l’éducation constitue un droit fondamental indispensable au développement de l’individu et de la société, et nécessaire au bien-être (UNICEF, 2007). Au-delà de cet aspect juridique, il s’agit d’un moyen par excellence d’accès au savoir et au savoir-faire, et un outil de développement socio-économique d’un pays. Conscients de ce fait, les dirigeants africains, aux lendemains des indépendances, ont fait de l’éducation l’un des défis majeurs de leurs gouvernements en manifestant leur volonté d’accélérer la scolarisation. En effet, pour eux, elle est « source de richesse économique et le développement d’un pays repose sur la capacité et la qualité des hommes et des femmes » (Kacou, 2007 : 1). De ce fait, de nombreux efforts ont été déployés dans ce domaine : construction d’infrastructures scolaires, formation du personnel enseignant, attribution de bourses, tenue de forum et sommets au niveau international.
Conséquence de ces entreprises, l’initiative « Education Pour Tous » (EPT), née de la Conférence Mondiale sur l’éducation tenue à Jomtien en Thaïlande en 1990, visait à offrir à tous les enfants -garçons et filles- la possibilité d’accéder à un cycle complet d’enseignement primaire d’ici à 2015 et à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Cette conférence a suscité beaucoup d’espoirs parce que, selon Roger PONS (1994 :33), « à partir de ses recommandations, la plupart des Etats Africains allaient mettre en place des politiques éducatives ». En effet, cette rencontre faisait de l’éducation de base une des grandes priorités du développement et les Etats se sont engagés à rendre l’éducation primaire universelle en l’an 2000. Cependant, l’objectif de l’EPT fixé à Jomtien n’ayant pu être atteint, une autre rencontre a été tenue sur l’éducation. Ainsi, dix ans plus tard, en Avril 2000, plus de 1100 délégués venus de 164 pays renouvelaient leur engagement à l’égard de l’EPT au Forum Mondial sur l’éducation de Dakar. Cela a donné lieu à l’adoption du Cadre d’action de Dakar, document ambitieux qui définit six objectifs de l’éducation pour tous et les stratégies pour les atteindre d’ici à 2015. Il s’agit de développer la protection et l’éducation de la petite enfance ; d’apporter un enseignement primaire obligatoire, gratuit et de qualité pour tous ; de promouvoir l’acquisition des compétences de la vie courante pour les adolescents et les jeunes ; d’améliorer de 50 % les niveaux d’alphabétisation des adultes ; d’éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire et d’assurer l’égalité entre filles et garçons dans l’accès et l’achèvement d’un enseignement de base de qualité. L’initiative EPT a été érigée en 2000 comme un objectif du millénaire pour le développement (OMD n° 2). Son ambition est d’une part d’assurer l’éducation primaire c’est-à-dire donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires d’ici à 2015 et d’autre part, de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’objectif fut d’éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire avant 2005 si possible et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard (UN, 2001).
Mais, en 2002, le rapport mondial sur l’EPT fait état du fait que 28 pays représentant plus de 26% de la population mondiale risquent de n’atteindre en 2015 aucun des objectifs mesurables fixés à Dakar en 2000. Ces pays se situent pour les 2/3 en Afrique subsaharienne (Kacou, 2007 : 2). En dépit des efforts internationaux et nationaux consentis pour développer l’offre scolaire, les pays d’Afrique au Sud du Sahara demeurent parmi ceux au monde où les taux de scolarisation sont les plus bas (Lange et Pilon, 2000 :297). L’Afrique subsaharienne regroupe à elle seule plus du tiers des 113 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école et qui risquent de ne jamais y aller si des stratégies novatrices et urgentes ne sont pas définies et appliquées (Dakar, 2006). C’est dire que cette partie du continent demeure la région du monde la moins scolarisée, celle où le problème d’accès à l’école se pose avec le plus d’acuité et où se trouve le plus grand nombre de pays présentant un faible rapport de parité (fille/garçon) en matière de scolarisation. On note une survivance des disparités entre les deux sexes.
Le Gouvernement Camerounais n’est pas resté en marge des efforts mondiaux. Il a fait du développement du secteur éducatif une priorité, depuis son accession à l’indépendance. Quatre phases majeures ont marqué l’histoire de l’école moderne au Cameroun. – La première qui va de 1844 à 1884 a vu l’ouverture par le Pasteur Joseph Merrik de la toute première école (1844). Cette dernière a été implantée à Bimbia, près de la ville de Limbé actuelle, dans le département de Fako. La deuxième école est fondée l’année suivante à Bethel (Douala) par un autre missionnaire, le Pasteur Alfred Saker. Quatre ans plus tard, près de 80 enfants camerounais fréquentent l’école. En 1859, on dénombre déjà 7 écoles au Cameroun : à Bimbia, à Victoria et à Douala. – La deuxième période (1884-1914) voit la Mission Suisse Allemande de Bâle et la Mission Presbytérienne Américaine débarquer au Cameroun le 18 décembre 1884 et 1885 respectivement. Les Pères Pallotins, quant à eux, arrivent au Cameroun en 1890. Ce sont eux qui installent la mission catholique dans les régions actuelles du Centre et du Sud où, parallèlement, on a assisté à la concurrence dans la création des écoles entre les différentes missions. Ainsi, l’introduction de l’éducation scolaire au Cameroun à cette période était parallèle à l’évangélisation. A côté de chaque école, il y avait la case du moniteur et la case de passage du missionnaire. Mais le processus d’implantation de l’école moderne ne se fait pas de la même manière dans tout le pays. En effet, Contrairement aux sociétés côtières et forestières du Cameroun sus-mentionnées, les sociétés septentrionales (le Grand-Nord du pays) participaient à un univers de civilisation totalement différent, essentiellement marqué par l’Islam. Les relations avec le monde occidental étaient extrêmement rares, et le décalage historique et sociologique a ainsi été entretenu jusqu’au début du XXe siècle, avec la conquête Allemande. Lorsque l’Allemagne perd la guerre de 1914 – 1948, les Alliés se partagent le Cameroun. Sur leurs traces, la France et la Grande Bretagne portent leurs premiers efforts de scolarisation sur les régions du Centre, du Sud, du Littoral, de l’Ouest, de l’Est et du Nord-Ouest. L’école coloniale franco-britannique est l’œuvre de l’administration, des missions et des autorités indigènes. Ce n’est que vers les années 1904 que les régions du grand-Nord reçoivent leurs premières infrastructures éducatives. Ainsi, l’école moderne est introduite dans la région septentrionale du pays environ 60 ans après l’installation de la toute première école dans le sud du pays. Ce retard en terme d’introduction de l’école moderne dans la région Nord tiendrait au fait de son éloignement des côtes, porte d’entrée des explorateurs occidentaux mais aussi des opposions persistantes. S’appuyant sur l’autorité de l’état colonial franco-britannique, puis camerounais, l’école s’est cependant progressivement étendue sur l’ensemble du territoire. – La dernière période est marquée par l’école postcoloniale (à partir de 1960). En œuvre depuis l’indépendance, cette école fonctionne sur un double système (francophone et anglophone). Elle a été plusieurs fois réaménagée dans ses objectifs, ses contenus et ses méthodes (Moussa, 2007 : 8). Aussi, depuis près d’une dizaine d’années, l’Etat s’est investi dans une dynamique de dissémination spatiale de l’offre scolaire, privilégiant ainsi « l’école de proximité » (Alawadi, 2008 : 42).
Sur le plan démographique, le Cameroun compte une forte proportion de population jeune scolarisable. En 2005, les résultats définitifs du 3e RGPH indiquaient que sa population était de 17 463 836 habitants. D’après les analyses des tendances démographiques, ce chiffre s’élèverait au 1er janvier 2010 à 19 406 100 habitants. Constituée de 43,6 % des moins de 15 ans, cette population est relativement jeune. En effet, l’âge médian y est de 17,7 ans et l’âge moyen se situe à 22,1 ans.
Comme beaucoup de pays d’Afrique au sud du Sahara, le Cameroun est classé parmi les pays en voie de développement. Selon les résultats des deux précédentes Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages (ECAM) réalisées respectivement en 2001 et en 2007, 2 personnes sur 5 (soit 40 %) vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire. Les indicateurs sur l’emploi et l’éducation n’ont pas beaucoup varié au cours des 10 dernières années. Au niveau macro-économique, le pays a connu une période de croissance soutenue jusqu’au début des années 80 ; à partir de 1986, il a traversé une période de crise dont il n’a commencé à sortir que vers 1994, avec la mise en place des politiques d’ajustement monétaires. Ainsi depuis 1995, les indicateurs macro-économiques du pays montrent une reprise de la croissance, bien que, comme il ressort du DSRP[1] (2003 : 101), « l’amélioration des performances macro-économiques ne s’est pas accompagnée d’une amélioration comparable des conditions de vie des ménages » (Moussa, 2007 : 13), ce qui a eu des incidences importantes, comme le souligne Mimche (2006 : 8) : « …la crise économique qui perdure depuis le début des années 1980 et qui s’est aggravée avec les programmes d’ajustement structurel et la dévaluation du franc Cfa en janvier 1994, a engendré des effets néfastes dans tous les secteurs de l’éducation ».
Le Cameroun est connu pour sa grande diversité culturelle. Plusieurs religions y sont pratiquées : le catholicisme, le protestantisme, l’islam, l’animisme et les religions chrétiennes émergentes, avec respectivement 38,4%, 26,3% et 20,9%, 14,4% de fidèles. On y dénombre plus de 250 ethnies. Malgré cette grande diversité ethnique, « le Cameroun possède un fond socio – culturel commun, notamment en ce qui concerne la famille et le mariage » (BUCREP, 2010a : 7). En effet, la plupart des us et coutumes encouragent les restrictions basées sur le sexe, en consacrant la primauté sur l’homme, notamment dans les domaines tel que l’accès aux terres, aux services de santé, à l’éducation, etc.
Au niveau politique, le gouvernement camerounais a pris des mesures en faveur de l’instruction. En effet, les Ministres en charge de l’éducation au Cameroun (MINEDUB[2], MINESEC[3], MINESUP[4], MINEFOP[5]) ont pris en février 2005 l’engagement d’œuvrer à l’élaboration d’une stratégie sectorielle globale, articulée à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté. Dans le rapport de la 3ième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages, on note une amélioration du taux net de scolarisation globale des 6-14 ans au fil des années. De 67,5% en 1976, il est passé à 73,1% en 1987 ; 76,3% en 1996, 78,8% en 2001 et 79,8% en 2007.
On note cependant, de grandes disparités régionales en matière d’éducation. Les régions du Grand-Nord (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) présentent des retards dans la scolarisation des enfants, par rapport au reste du pays ; c’est dans ces régions qu’on retrouve les plus faibles taux, inférieurs à la moyenne nationale. En outre, c’est aussi dans ces régions qu’on observe les écarts les plus prononcés entre garçons et filles en matière de scolarisation. Dans l’Adamaoua, le taux net de scolarisation des garçons est de 75,4℅ et celui des filles de 51,3℅. Ce taux est respectivement de 66,4℅ et 54,0℅ dans le Nord, 59,4℅ et 42,6℅ dans l’Extrême-Nord. Tandis que dans les autres régions ces écarts sont moins prononcés, et parfois même à la faveur des filles. Dans le Centre par exemple, on relève un taux net de scolarisation de 96,1℅ chez les garçons contre 94,9℅ chez les filles. Dans le Littoral, il est respectivement de 93,0℅ et 96,3℅, dans le Nord-Ouest de 90,3℅ et 92,3℅, au Sud-Ouest de 93,9℅ et 95,0℅, à l’Ouest de 95,2℅ et 95,8℅, au Sud de 94,9℅ et 96,6℅, et à l’Est de 76,4℅ et 74, 2℅ (BUCREP, 2010b : 57).
Les études qui se sont intéressées à l’éducation dans la partie Nord du pays ont montré le retard que connaît cette zone. Pour Alawadi (2008 : 48), « contrairement à une région méridionale à forte densité de population scolarisée, le « Nord-Cameroun fait figure de parent pauvre dans l’espace scolaire national ». Et à propos des différences entre les sexes, le rapport du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat souligne que « par rapport au sexe, les inégalités de scolarisation des enfants d’âge scolaire sont beaucoup plus perceptibles dans les régions septentrionales où une plus grande attention est accordée aux garçons » (BUCREP, ibid.)
Cette étude s’intéresse à cette partie du pays où les écarts de scolarisation entre filles et garçons dans l’enseignement primaire sont plus importants. Afin de mieux orienter les politiques et programmes de lutte contre les discriminations basées sur le sexe au Cameroun, elle entend contribuer à la connaissance des facteurs explicatifs des inégalités sexuelles en matière de scolarisation primaire. Plus spécifiquement, il s’agit de : i) décrire les variations différentielles des inégalités de scolarisation des garçons et des filles selon quelques caractéristiques socio-démographiques et économiques ; ii) Identifier les facteurs qui expliquent les disparités observées.
I. Brève littérature sur les inégalités de scolarisation des enfants
Depuis le travail pionnier de Thomas et al (2001) pour mesurer les inégalités dans la distribution de l’éducation, une littérature en forte croissance s’est développée sur les inégalités sexuelles dans l’éducation, aboutissant ainsi à des théories explicatives. Quelle que soit l’approche considérée, les études empiriques font la distinction entre deux types de facteurs : les facteurs liés à l’offre scolaire et ceux liés à la demande.
I.1. L’offre scolaire
L’offre scolaire est l’ensemble constitué des infrastructures éducatives, du personnel enseignant, du matériel didactique, du contenu des enseignements, etc. La proximité des infrastructures, la présence d’équipements, l’accessibilité financière, les compétences du corps enseignant exercent une influence sur la propension des parents à envoyer leurs enfants à l’école. En effet, la distance séparant l’école des domiciles des parents oriente la décision de ces derniers quant au fait d’envoyer leurs enfants dans un établissement scolaire, et surtout les contraint à privilégier les garçons au détriment des filles. C’est ce que démontre Kobiane (2002 : 89), lorsqu’il affirme que « de crainte de les exposer à des agressions physiques ou morales, les parents évitent d’envoyer les filles dans des écoles distantes du lieu d’habitation ». De la même manière, l’insuffisance de places ou de certains équipements importants peut également limiter l’accès des filles à l’école. Diallo et al (2009) expliquent les inégalités entre filles et garçons en milieu rural par ce problème d’infrastructures.
I.2. La demande scolaire
L’offre scolaire ne suffit pas à éradiquer les inégalités entre sexes. La recherche s’est ainsi orientée ces dernières années vers les facteurs liées à la demande scolaire. Par demande scolaire, il faut entendre le « produit d’un ensemble de facteurs (scolaires, économiques, sociaux, démographiques, politiques, religieux, culturels) que les individus et les groupes prennent en compte, directement ou indirectement, consciemment ou non, dans leurs pratiques de scolarisation : ces facteurs conditionnent ainsi la mise à l’école, l’itinéraire scolaire et la durée de la scolarité » (Kabore, Pilon et Lairez, 1999 : 224). La littérature fait ressortir trois grands groupes de facteurs, au niveau de la demande : les facteurs démographiques, culturels et économiques, plus des facteurs politiques et législatifs.
1.2.1. Les facteurs politiques et législatifs
Il s’agit des politiques en matière de scolarisation, qui prennent en compte le nombre d’établissements scolaires, leurs capacité d’accueil, la quantité et la qualité d’enseignants, la quantité et la qualité des enseignements, la disponibilité du matériel nécessaire, les ressources humaines, les enseignants dotés de compétences solides et des qualifications académiques appropriées.
Ces facteurs peuvent influencer la propension des parents ou des familles à envoyer leurs enfantsà l’école. Cela peut expliquer la discrimination dans l’accès à l’instruction des filles.
1.2.2. Les facteurs démographiques
Le sexe du chef de ménage
La recherche sur l’éducation démontre que les comportements des hommes chefs de ménage et ceux des femmes ne sont pas les mêmes en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Il s’avère en effet que les enfants vivant dans des ménages dirigés par des femmes ont plus de chance de fréquenter un établissement scolaire et d’y rester plus longtemps que ceux vivant dans des ménages dirigés par des hommes. De nombreuses études ont pu confirmer cette propension des femmes chefs de ménage à scolariser davantage les enfants que les hommes. C’est le cas de Kobiane J.F (2002), Clevenot et Pilon (1996) qui ont travaillé dans sept pays d’Afrique (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Rwanda, Sénégal, Zambie), Wakam (2002) au Cameroun, Kabore et al (ibid.) au Burkina Faso, et De Vreyer (1993) en Côte d’Ivoire, etc. Pour Pilon (1996) cela s’explique par le fait que les femmes plus que les hommes, consacrent plus de leurs temps et de leur argent à l’éducation des enfants ainsi qu’à leur épanouissement. Toutefois, certains auteurs (Cisse, 2011) relèvent que les femmes scolarisent toujours plus les garçons que les filles, bien que la discrimination dans la scolarisation des filles et des garçons soit moindre que dans les ménages dirigés par des hommes.
Le statut familial de l’enfant
La fréquentation scolaire des enfants et les inégalités qu’on peut observer peuvent varier selon le statut familial de l’enfant, qui est généralement appréhendé par le lien de parenté avec le chef de ménage et la présence des parents au sein du ménage ou leur état de survie. Pilon (1996), suite à une étude réalisée au Togo sur les enfants de 6 à 14 ans, conclut que les enfants confiés sont moins scolarisés que les enfants du chef de ménage. Wakam (2003) trouve le même résultat dans une étude menée au Cameroun.
La structure par âge et par sexe des membres du ménage
La répartition des tâches au sein des ménages confère souvent aux filles outre les travaux domestiques, la charge de s’occuper des enfants en bas âges. De ce fait, les chercheurs ont formulé l’hypothèse de l’existence d’une relation négative entre le nombre d’enfants d’âge préscolaire (généralement 0-5ans) dans un ménage et la fréquentation scolaire des filles de ce ménage. Mais cette observation n’est pas généralisable, car Marcoux (1994) observe qu’en milieu urbain malien, la présence d’enfants de 0-4 ans dans le ménage accroît plutôt la fréquentation scolaire des 8-14 ans.
La taille du ménage
La taille du ménage peut conduire à une scolarisation différentielle des enfants. Dans les pays d’Asie du Sud-Est, la relation entre la taille du ménage et la scolarisation des enfants est négative ; par contre, dans les pays d’Afrique sub-saharienne, elle est positive. Ces conclusions ressortent des travaux de Marcoux (ibid.) en milieu urbain malien, et Lloyd et al (1994) sur sept pays de la même région.
Le statut matrimonial du chef de ménage
Le fait que le chef de ménage soit célibataire, monogame ou polygame peut exercer une influence sur la scolarisation des enfants, la préférence pour l’envoi des garçons plutôt que des filles à l’école, et même le parcours scolaire de ces enfants. Kobiane (2002) reprenant Marcoux (1994), fait remarquer que les garçons appartenant à des ménages dont le chef est polygame présentent les plus forts taux de scolarisation alors que chez les filles, ce sont celles qui appartiennent à un ménage où les coépouses vivent ensemble qui sont les plus scolarisées. Cependant, Pilon (1996) et Lututala (1996) (cités par Kobiane, 2002), font le constat contraire, à savoir que les chefs de ménage monogames scolarisent plus les enfants que les polygames.
1.2.3. Les facteurs culturels
Le statut de la femme
En Afrique, la répartition traditionnelle des tâches est telle que la femme s’occupe de tout ce qui est relatif à l’«inside», c’est-à-dire les relations avec l’intérieur (du ménage), tandis que l’homme s’occupe de l’«outside», c’est-à-dire des relations avec l’extérieur. Outre ses fonctions reproductives, la femme a donc la charge d’exercer les travaux domestiques. Le garçon sera de ce fait envoyé à l’école, en tant que futur pourvoyeur de finances, contrairement à la fille, dont on estime que la mise à l’école pourrait la détourner de son rôle de « future mère ». D’où la sous-scolarisation de cette dernière par rapport au garçon. De nos jours, on note cependant d’importants changements par rapport à ce modèle traditionnel de base (Kamdem, 2010). En effet, à travers une analyse des opinions sur la sous-scolarisation des filles dans deux groupes ethniques du Cameroun, il est démontré que la plupart des informateurs désapprouve la sous-scolarisation des filles car « elle favorise la prostitution et la marginalisation des filles » ; l’instruction n’est plus seulement perçue comme une garantie d’un bon emploi rémunérateur, mais aussi comme un facteur qui « rehausse l’image, l’estime, bref le statut de la femme » (Kamdem, 2010 : 181).
La religion
Dans plusieurs groupes ethniques, il existe des croyances religieuses d’après lesquelles l’école serait sans valeur pour les enfants, en particulier les filles. Yacouba Yarou (1996) et E. Gérard (1998) dans leurs études portant respectivement sur les provinces Séno et Bani au Burkina Faso et le canton Baya au Mali, mettent en exergue l’influence négative de l’islam sur la scolarisation des enfants, notamment celle des filles. Evina Akam (1990 :35) fait un constat semblable au Cameroun, à savoir que « Les populations de religion musulmane ou traditionnelle se sont singularisées pendant longtemps et ce, jusqu’aux premières années d’indépendance du pays par leur faible ouverture à la culture occidentale véhiculée par la scolarisation ».
L’ethnie
Les attitudes et comportements en ce qui concerne la scolarisation des enfants varient d’un groupe ethnique à un autre. Les ethnies ayant embrassé le christianisme ont plus facilement intégré la scolarisation des enfants, et ce pour les deux sexes. C’est le cas des Baganda de l’Ouganda (Akoto, 1993). J-Y. Martin (1972) quant à lui, au terme de ses recherches au Cameroun, classe les ethnies en trois catégories, suivant leurs attitudes face au système d’enseignement : une attitude de refus, une attitude d’adhésion et une attitude d’adaptation.
Le niveau d’instruction du chef de ménage
Pilon (ibid.), dans l’étude susmentionnée sur la scolarisation des enfants dans quelques pays d’Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Malawi, Sénégal, Zambie), met en évidence l’effet du niveau d’instruction de chacun des parents sur la scolarisation des enfants. Il observe que le niveau d’instruction des mères apparaît au moins aussi important sinon plus que celui du père pour la scolarisation des enfants. En effet, plus le niveau d’instruction est élevé, moins il y a discrimination des filles.
Le milieu et la région de résidence
Les inégalités d’accès à l’école des filles et des garçons sont visibles en fonction du milieu et de la région de résidence. Une étude de Wakam (2000) au Cameroun a montré que les enfants du milieu urbain avaient nettement plus de chances de fréquenter un établissement scolaire que ceux du milieu rural, et que les inégalités entre filles et garçons seraient plus grandes en campagne qu’en ville. En effet, l’offre de scolarisation est plus élevée en ville. En outre, en campagne l’attachement à la culture est plus marqué.
1.2.4. Les facteurs économiques
Le niveau de vie du ménage
L’influence du niveau de vie du ménage sur les disparités entre sexes en matière de scolarisation a été démontrée par plusieurs études. Senda Lusamba (2001) explique les inégalités entre filles et garçons par les difficultés économiques et sociales. Cette thèse est proche de celle de Piamale et al (2004) pour qui la condition économique du ménage joue un rôle important dans la décision des parents de scolariser leurs filles.
L’activité économique du chef de ménage
L’activité économique du chef de ménage discrimine la scolarisation des enfants. A l’issue de certains travaux, Levison (1997) et Marcoux (1994), ontfait remarquer que les enfants appartenant aux ménages où le chef est un travailleur indépendant sont plus exposés au risque de travailler, par conséquent au risque de ne pas être scolarisés, par rapport à ceux vivant dans des ménages dont le chef est un travailleur salarié.
II. Hypothèses, données et méthodes d’analyse
2.1. Hypothèses et variables
L’étude pose l’hypothèse générale suivante : Les inégalités de scolarisation entre filles et garçons sont influencées par le contexte de résidence par l’intermédiaire de l’offre scolaire, des caractéristiques du ménage et celles du chef de ménage d’une part, et d’autre part de façon directe par les caractéristiques du ménage, celles du chef de ménage et les caractéristiques individuelles de l’enfant.
Le contexte de résidence est appréhendé par le milieu de résidence. Les caractéristiques du ménage sont mesurées par le niveau de vie du ménage, la taille du ménage, la présence d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage. Les caractéristiques du chef de ménage concernent son âge et son sexe. Les caractéristiques de l’enfant font référence à son âge, son sexe, et son lien de parenté avec le chef de ménage. La scolarisation est mesurée par la fréquentation scolaire actuelle des enfants (garçons ou filles) âgés de 6 à 14 ans qui est la variable dépendante.
L’indicateur de mesure des inégalités sexuelles en matière de scolarisation est le rapport des taux de scolarisation. Cet indice est noté IPT (F/M), avec pour modalité de référence le sexe masculin, et est calculé de la manière suivante : IPT (F/M) = TF/TM où TF et TM désignent respectivement les taux de scolarisation des filles et des garçons. Lorsque la valeur de l’indice de parité des taux IPT (F/M) est inférieure à 1, cela veut dire qu’il y a existence des inégalités sexuelles en matière de scolarisation en défaveur des filles. Quand cette valeur est égale à 1, on peut conclure à l’égalité des chances de scolarisation entre les enfants sans distinction de sexe. Cependant lorsque l’indice est supérieur à 1, cela est synonyme de l’existence de discrimination en défaveur du sexe masculin.
L’étude teste trois hypothèses spécifiques :
Hypothèse 1 : les inégalités de scolarisation entre les filles et les garçons sont plus prononcées en milieu rural qu’en milieu urbain.
Hypothèse 2 : les disparités en matière de scolarisation entre les enfants de sexe masculin et ceux de sexe féminin sont plus accentuées dans les ménages dirigés par un homme que dans les ménages ayant une femme à leur tête.
Hypothèse 3 : les filles vivant dans les ménages de petite taille sont plus susceptibles d’être victimes de discrimination en matière de scolarisation que celle vivant dans les ménages de grande taille.
2.2. Données et méthodes d’analyse
Afin de tester les hypothèses de cette étude, les données de la 4ième Enquête Démographique et de Santé (EDSC-IV) combinée à l’Enquête par Grappe à indicateurs multiples (MICS) sont utilisées. Cette opération de collecte de données a été organisée de Janvier à Août 2011 sur l’ensemble du territoire camerounais par l’Institut National de la Statistique (INS). Elle a concerné 19 thèmes, dont celui sur les caractéristiques des logements et de la population des ménages, où l’on retrouve des informations sur la fréquentation scolaire des enfants. Au total, 6332 enfants de 6-14 ans ont été identifiés.
Ces données présentent cependant quelques limites pour l’analyse de la scolarisation des enfants. On peut noter l’absence d’informations importantes pouvant permettre une meilleure compréhension du phénomène étudié : c’est le cas des informations relatives à l’offre scolaire. Cette dernière est un déterminant de la scolarisation des enfants, en ce sens que sa présence donne déjà aux enfants des chances d’être scolarisés.
Deux méthodes d’analyse sont ici utilisées : l’analyse descriptive et l’analyse explicative. L’analyse descriptive consiste en l’examen des associations entre chacune des variables indépendantes retenues et la variable dépendante (qui est ici la fréquentation scolaire) à travers les tableaux croisés et les statistiques du Khi-deux y afférentes. Mais l’analyse descriptive ne se limite qu’à mettre en relation deux variables, ce qui est insuffisant pour bien cerner les facteurs explicatifs d’un phénomène, car les relations obtenues au niveau bivarié bien qu’étant significatives, peuvent être instables : en présence d’autres variables, elles peuvent se révéler être réelle (en se maintenant ou en se renforçant) ou plutôt fallacieuses (disparaître ou apparaître). Il est donc nécessaire de procéder à l’analyse multivariée explicative, qui permet la prise en compte simultanée de plusieurs autres variables explicatives afin de déterminer l’effet net de chaque variable indépendante sur la variable dépendante. Dans le cadre de cette étude, c’est le modèle explicatif de régression logistique binaire qui est utilisé.
III. Principaux résultats
Les résultats obtenus au terme des analyses descriptives et explicatives sont présentés au seuil de significativité de 5%.
3.1. Analyse différentielle des inégalités de fréquentation scolaire entre filles et garçons de 6-14 ans dans le Nord Cameroun
L’examen des variations des inégalités de scolarisation entre sexes a permis de saisir les associations entre la fréquentation scolaire et les variables explicatives à partir des tableaux croisés au niveau bivarié. Ainsi, il ressort que le milieu de résidence, l’âge du chef de ménage, le sexe du chef de ménage, le niveau de vie du ménage, le nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage, le lien de parenté avec le chef de ménage sont significativement associés à la fréquentation scolaire.
3.1.1. Fréquentation scolaire des enfants et milieu de résidence
Le tableau 1 présente les taux de fréquentation scolaire des filles et des garçons au moment de l’enquête et les indices de parité des taux filles/garçons selon le milieu de résidence. Il en ressort que le milieu de résidence est significativement associé à la fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans dans les 03 régions du Nord-Cameroun. En outre, on remarque que l’IPT est plus faible en milieu rural. En effet, on y enregistre 88 filles scolarisées pour 100 garçons ; tandis qu’en milieu urbain, on a 95 filles pour 100 garçons, soit un écart de 7 points. Cette situation peut s’expliquer par le poids de la culture qui reste élevé dans cet environnement, où les mariages précoces sont encore en vigueur.
Tableau 1 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon le milieu de résidence
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.2. Fréquentation scolaire des enfants et âge du chef de ménage
Les analyses montrent que l’âge du chef de ménage est significativement associé à la scolarisation des enfants dans le primaire au Nord-Cameroun. En effet, les écarts entre filles et garçons en matière de scolarisation augmentent avec l’âge du chef de ménage (tableau 2). Ainsi, ils sont plus prononcés chez les enfants issus de ménages dont le chef est âgé de plus de 60 ans, tandis que chez ceux vivant dans les ménages dirigés par les jeunes, cet écart est moindre. Dans les ménages dirigés par des sexagénaires (au moins), on enregistre 79 filles qui fréquentent l’école primaire contre 100 garçons. Par contre, dans les ménages dirigés par les moins de 30 ans, on a 93 filles pour 100 garçons, donc un écart de 14 points.
Tableau 2 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon l’âge du chef de ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.3. Fréquentation scolaire des enfants et sexe du chef de ménage
Le test de Khi-deux révèle que la variable sexe du chef de ménage est significativement associée à la scolarisation des enfants au Nord-Cameroun. Au niveau bivarié, les résultats(tableau 3) montrent que les filles sont plus victimes de marginalisation dans l’accès à l’éducation lorsqu’elles vivent dans un ménage dirigé par une femme. L’indice de parité dans ces ménages est de 0,83, contre 0,80 dans les ménages dirigés par une femme.
Tableau 3 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon le sexe du chef de ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.4. Fréquentation scolaire des enfants et niveau de vie du ménage
Le niveau de vie du ménage est significativement associé à la fréquentation scolaire des enfants au Nord-Cameroun. Il ressort des analyses que les taux de fréquentation scolaire augmentent avec le niveau de vie du ménage (tableau 4) et que les inégalités entre filles et garçons diminuent lorsque le niveau de vie du ménage augmente. Autrement dit, plus élevé est le niveau de vie du ménage, moins on relève des écarts entre les filles et garçons en matière de scolarisation. Lorsqu’on passe d’un ménage au niveau de vie faible à un ménage au niveau de vie élevé, on enregistre une variation considérable de l’IPT (15 points).
Tableau 4 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon le niveau de vie du ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.5. Fréquentation scolaire des enfants et taille du ménage
Les résultats du test de khi-deux montrent qu’il n’y a pas de lien entre la taille du ménage et la scolarisation des enfants dans le cycle primaire au Nord-Cameroun (tableau 5).
Tableau 5 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon la taille du ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.6. Fréquentation scolaire des enfants et nombre d’enfants de moins de cinq ans dans le ménage
La présence et le nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage n’est associée de façon significative à la fréquentation scolaire des enfants au Nord-Cameroun que chez les filles. La proportion des filles qui vont à l’école diminue lorsque que le nombre d’enfants en bas âge augmente dans le ménage.
Tableau 6 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.1.7. Fréquentation scolaire des enfants et lien de parenté avec le chef de ménage
De l’analyse du tableau 7, il apparaît qu’il existe un lien entre le lien de parenté de l’enfant avec le chef de ménage et la scolarisation. Chez les enfants n’ayant aucun lien de parenté avec le chef de ménage, l’IPT est de 74 filles pour 100 garçons.
Tableau 7 : Taux (%) de fréquentation scolaire des filles et des garçons et IPT selon le lien de parenté avec le Chef de ménage
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
3.2. Facteurs explicatifs des disparités entre filles et garçons en matière de scolarisation dans les trois régions septentrionales du Cameroun
Les disparités de fréquentation scolaires entre garçons et filles au Nord-Cameroun sont appréhendées ici par les rapports de chances de fréquentation scolaire actuelle des garçons par rapport à celle des filles. Les résultats de l’analyse de régression logistique binaire montrent que les filles sont sous-scolarisées par rapport aux garçons. Ces derniers ont 1,59 fois plus de chances d’être scolarisés que les filles (tableau 8).
De manière globale, 5 variables ont un effet net significatif et peuvent être considérées comme des facteurs explicatifs des disparités de fréquentation scolaire selon le sexe. Il s’agit du milieu de résidence, du sexe du chef de ménage, de l’âge du chef de ménage, du niveau de vie du ménage, et du nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage.
3.2.1. Influence des facteurs contextuels sur les disparités entre filles et garçons en matière de fréquentation
Le milieu de résidence
Le milieu de résidence est un facteur explicatif des disparités de fréquentation scolaire. Alors que dans le modèle M1, les garçons ont 1,59 fois plus de chances d’aller à l’école que les filles, ce rapport de chances augmente de 2 points avec l’introduction du milieu de résidence. Et de manière globale, on peut noter que les enfants vivant en milieu urbain ont plus de chances d’être mis à l’école que ceux vivant en milieu rural (2,66 fois plus). Le milieu rural souffre d’un manque ou d’une insuffisance d’infrastructures éducatives, ce qui explique que la fréquentation scolaire y soit faible. Et la discrimination des filles dans l’accès à l’éducation primaire dans ce milieu vient du fait que les parents eux- même y sont peu instruits, le poids de la tradition, et de la religion y sont également forts, et pèsent sur la décision des parents à favoriser les garçons au détriment des filles. En outre, dans ces milieux, on observe une certaine précocité des mariages, surtout celui des filles. D’ailleurs, les résultats du dernier RGPH[1] montrent une survivance de la précocité d’entrée en union des femmes en milieu rural camerounais : « L’on note malgré la loi qui fixe l’âge au premier mariage et la scolarisation obligatoire tant des garçons que des filles, un accroissement au fil des ans, de la proportion des femmes mariées parmi les femmes âgées de 12 ans et plus », et ce même rapport souligne que «Les écarts entre l’âge moyen des hommes au premier mariage et celui des femmes se creusent beaucoup plus en milieu rural » (BUCREPa, 2011 :11). Ces pratiques sont encore fréquentes au Nord du Cameroun, qui reste dominé par la religion musulmane et où les parents eux-mêmes n’ont pas tous été à l’école moderne.
Par ailleurs, ce résultat trouve son explication dans les spécificités mêmes du milieu rural, qui selon Emile Durkheim, se caractérise par la présence d’une certaine « solidarité mécanique » entre les individus, où les rôles sociaux sont fixés et peu différenciés, contrairement au milieu urbain, qui est une société plutôt complexe, caractérisée par une « solidarité organique », où les liens sociaux sont transformés par le développement économique (Grawitz, 2000 :203). Partant du même point de vue, Henri Mendras (1996 : 130), dans ses travaux sur les sociétés traditionnelles et la société industrielle, fait observer que : « la société traditionnelle est une société relativement stable, alors que la société industrielle est animée par des changements sociaux… Dans la société traditionnelle, normalement, l’individu ne sort pas de la situation dans laquelle il se trouve à sa naissance. Dans la société de masse à changements rapides, au contraire, l’individu a en permanence la possibilité de monter ou de descendre sur l’échelle sociale ».
3.2.2. Influence des facteurs liés aux caractéristiques du ménage sur les disparités entre filles et garçons en matière de fréquentation
Le sexe du chef de ménage
Le sexe du chef de ménage contribue à l’aggravation des inégalités sexuelles de scolarisation. On constate à cet effet que son introduction dans le modèle augmente les chances de fréquentation des garçons au détriment des filles. Avec la prise en compte de cette variable, ceux-ci présentent 1,62 fois plus de chances d’aller à l’école que les filles. Par ailleurs, les enfants vivant dans les ménages dirigés par un homme ont 32% moins de chances d’être scolarisés. Ce résultat varie relativement au fur et à mesure de l’introduction d’autres variables, mais la tendance globale est maintenue.
Donc on peut conclure qu’au Nord-Cameroun, les femmes chefs de ménage scolarisent plus les enfants que les hommes du même statut, et elles font moins de discrimination envers les filles. Ce résultat est conforme à ceux obtenus par beaucoup d’études en Afrique sub-saharienne. Lloyd et Gage-Brandon (1991) expliquent cette attitude favorable des femmes chefs de ménage par le fait que ces dernières, en dépit de leur situation économique généralement plus précaire, paraissent mieux faire preuve d’une gestion responsable de ressource, et cela profite aux enfants dont elles ont la charge. Kacou (2007 :37) pense à cet effet qu’elles « investissent plus que les hommes dans leurs enfants, financièrement mais aussi en termes de temps, de soins, d’affection. On peut penser qu’ayant été elles mêmes, dans l’ensemble, victimes d’une sous scolarisation, les femmes seraient davantage que les hommes conscientes des enjeux de l’école pour le devenir de leurs enfants ». En effet, ces dernières années, les femmes du Nord bénéficient de séances de sensibilisation, d’information et d’éducation au sein des milieux hospitaliers, dans les communautés, ou même à travers les médias. Elles sont ainsi plus informées qu’auparavant de l’importance de l’instruction. Plusieurs ONG et organismes étatiques œuvrent dans cette zone à cet effet (Plan Cameroun, Programme Palu, UNFPA, MIDIMA, etc.).
L’âge du chef de ménage
L’âge du chef de ménage contribue à expliquer les inégalités de scolarisation des filles et des garçons au Nord-Cameroun. Son introduction permet de constater que les garçons ont toujours plus de chances d’aller à l’école que les filles. Par rapport aux chefs de ménage âgés de plus 60 ans, chez ceux qui ont entre 30 et 44 ans, les enfants ont 1,24 fois plus de chances de fréquenter l’école moderne. Chez les 45 – 59 ans, les chances de ces enfants s’élèvent à 1,32. On peut comprendre ce résultat par l’introduction tardive de l’école moderne dans la partie septentrionale du pays. Donc les personnes n’ayant pas bénéficié de cette instruction restent parfois réfractaires aux changements.
Le niveau de vie du ménage
Le niveau de vie du ménagea un impact sur les inégalités d’accès à l’école chez les garçons et les filles : en effet, les analyses montrent que le niveau de vie du ménage contribue à accentuer ces inégalités. D’après les résultats, on constate que son introduction dans le modèle maintientles chances de scolarisation des garçons par rapport aux filles. En outre, on voit que les enfants issus de ménages au niveau de vie moyen ont 1,25 fois plus de chances d’être scolarisés que ceux vivant dans les ménages dont le niveau de vie est faible. Pareillement, ceux qui vivent dans les ménages au niveau de vie élevé ont 2,40 fois plus de chances d’aller à l’école.
Les pays d’Afrique sub-saharienne fragilisés par la crise économique et ses corollaires, le chômage et le sous-emploi, font face à de nombreux défis dont la scolarisation. Dans un contexte où le coût de la vie augmente et le pouvoir d’achat des ménages baisse, la scolarisation des enfants devient un défi majeur. Et au Nord du pays, le problème se pose de façon encore plus cruciale, d’autant plus que « les trois régions septentrionales détiennent la palme d’or au rang des régions les plus pauvres » (DSRP, 2003 : 56). Ce qui explique qu’en dépit de la forte demande scolaire manifestée par les communautés ces derniers temps, du recul des conduites anti-scolaire dans certains groupes sociaux (montagnards, Arabes-Choa), et de la dissémination spatiale des établissements scolaires, les conditions socio-économiques paupérisantes des populations constituent un frein majeur au développement. Le sociologue Alawadi (2008 : 53), qui a travaillé sur l’éducation dans le septentrion, relève que « Alors que les familles doivent d’abord lutter pour leur survie quotidienne, l’école peut parfois attendre. Il arrive qu’un enfant abandonne l’école pour 500 francs Cfa ou 1000 francs Cfa que le parent n’a pas pu payer ».
Le nombre d’enfants de moins de 5 ans vivant dans le ménage
La présence d’enfants en bas âge (moins de 5 ans) dans le ménage maintient les inégalités de fréquentation scolaire entre les sexes au même niveau. On peut cependant noter que comparativement aux ménages n’ayant aucun enfant en bas âge, dans ceux où il y a 1 à 3 enfants de ce type, les enfants ont 19% moins de chances d’être scolarisés.
Cela est une résultante de la rareté des institutions en charge de la garde des enfants au Cameroun en général et dans sa partie septentrionale particulièrement. A l’instar des travaux domestiques, la garde des plus petits incombe souvent aux femmes et aux filles qui sont initiées très tôt à ces travaux ménagers. Nos résultats convergent avec les travaux réalisés par d’autres auteurs sur la question. Adjiwanou (2005 :10) montre par exemple que « la présence des enfants de 0-5 ans dans le ménage a une influence négative sur la fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans. Ces derniers sont sollicités pour s’occuper des bébés et dans la société togolaise, c’est une tâche qui est davantage confiée aux filles. Aussi, voit-on que le fait d’être fille se conjugue avec une faible fréquentation scolaire ». Mais ce sont constat reste à relativiser, car dans un même contexte, on peut observer des résultats différents, selon la période considérée. A ce titre, Jean Wakam (2003) par exemple révèle qu’au Cameroun, la présence et le nombre d’enfants en bas âges (moins de 6 ans) touche davantage les jeunes de 15-24 ans, et surtout les jeunes filles, à qui serait probablement confiée la responsabilité de prendre soin de ces enfants.
3.2.3. Influence des facteurs liés aux caractéristiques de l’enfant sur les disparités entre filles et garçons en matière de fréquentation
Le lien de parenté de l’enfant avec le chef de ménage
Au Nord-Cameroun, en 2011, on constate que le statut de l’enfant dans le ménage, à savoir le lien de parenté qui existe entre lui et le chef de ménage n’exerce pas d’influence sur les disparités de fréquentation scolaire des filles et des garçons.
Tableau 8 : Rapports de chances de la scolarisation des garçons par rapports aux filles (6-14 ans) au Cameroun (click to enlarge)
Source: Traitement des données de l’EDS-MICS 2011 (Cameroun)
Conclusion
Le rapport mondial sur l’EPT rappelait en 2002 l’urgence pour les pays de s’investir pour l’atteinte des objectifs fixés à Dakar en 2000. Le contexte de précarité économique dans lequel évoluent les pays d’Afrique noire n’est pas sans conséquences sur l’accès à l’éducation, comme l’observe Joseph Ki Zerbo (1990 : 25) lorsqu’il affirme que « Une économie qui s’effrite ne peut qu’accompagner le déclin de l’éducation ». Le Cameroun a réalisé de nombreux efforts pour développer l’offre scolaire ces dernières années. Mais les trois régions du Grand-Nord restent en marge de ce développement socio-éducatif, et continuent d’enregistrer les taux de scolarisation les plus bas, et les écarts les plus prononcés entre filles et garçons scolarisés.
La recherche des facteurs explicatifs des disparités de fréquentation scolaire chez les 6-14 ans dans cette région a permis de voir qu’au niveau bivarié, six des sept variables indépendantes retenues sont significativement associées à la scolarisation des enfants : il s’agit du milieu de résidence, de l’âge du chef de ménage, du sexe du chef de ménage, du niveau de vie du ménage, du nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage, du lien de parenté avec le chef de ménage. Au niveau explicatif, cinq facteurs ont été identifiés, ce sont le milieu de résidence, le sexe du chef de ménage, de l’âge du chef de ménage, le niveau de vie du ménage, et du nombre d’enfants de moins de 5 ans dans le ménage.
Plus précisément, les résultats suivants ont été obtenus :
Les enfants vivant en milieu rural sont ceux qui ont moins de chances d’aller à l’école. Et c’est dans ce milieu qu’on note les plus grandes distorsions entre les filles et les garçons.
Les enfants issus de ménage dirigés par un homme ont moins de chances d’être scolarisés, et ces ménages enregistrent les plus grandes disparités entre garçons et filles.
Les enfants de 6 à 14 ans vivant dans un ménage dont le chef est âgé de 45 à 59 ont les plus grandes chances d’aller à l’école moderne.
Les enfants qui vivent dans des ménages pauvres (niveau de vie faible) sont ceux qui ont les plus faibles chances de fréquenter l’école moderne ; on y observe les plus grandes disproportions entre les deux sexes.
Plus un ménage compte des enfants en bas âge, plus grandes sont les différences de scolarisation des enfants, et ce sont les filles qui sont défavorisées.
Ces résultats ont permis la confirmation des hypothèses 1 et 2 portant respectivement sur l’influence du milieu de résidence et du sexe du chef de ménage. La 3ième hypothèse n’a pas été validée, car dans cette étude la taille du ménage n’est pas apparue comme un facteur explicatif des disparités de fréquentation scolaire des garçons et des filles dans l’enseignement primaire au Nord- Cameroun.
L’étude présente quelques limites, principalement le manque d’informations sur l’offre scolaire, qui auraient été d’une utilité indéniable pour cette étude. La présence et la répartition des infrastructures scolaires, la présence d’un personnel enseignant qualifié, du matériel didactique suffisant, l’accessibilité géographique et financière sont autant d’éléments qui jouent un rôle dans l’envoi des enfants à l’école et leur maintien dans le système scolaire.
Au vu de ces résultats, les recommandations suivantes sont formulées :
Sur le plan politique :
Poursuivre l’initiative d’implémentation des infrastructures éducatives dans les milieux ruraux, afin de permettre aux enfants de ce milieu d’être instruits.
Sensibiliser les agents socialisateurs dans ce milieu, c’est-à-dire ceux qui sont chargés d’encadrer et d’éduquer les enfants : les parents, les communautés, les chefs traditionnels et religieux sur l’importance de l’instruction en général et celle de la femme en particulier.
Encourager la scolarisation des filles dans ces milieux à travers l’octroi des facilités (bourses, fournitures scolaires, etc.).
Encourager la mobilisation des élites du Nord-Cameroun en faveur de l’éducation dans cette région, comme cela se fait déjà dans le département du Mayo-Sava. La stratégie a consisté par le passé à intervenir auprès des autorités politiques afin de les amener à prendre des actes créant un établissement scolaire, un lycée ou un collège dans une localité précise, à envoyer du personnel enseignant dans une zone qui en est dépourvue. Cela a contribué au renforcement des pratiques éducatives dans une région jadis présentée comme étant réfractaire à l’école.
Organiser des séances de causeries éducatives à l’endroit des hommes, particulièrement ceux qui sont chefs de ménage pour leur montrer l’importance d’envoyer les filles, autant que les garçons à l’école.
Le ministère chargé de l’aménagement du territoire et les autres ministères sectoriels doivent veiller à une bonne répartition des infrastructures dans la région, à la création d’activités génératrices de revenus, à la création d’emplois décents afin de permettre aux ménages pauvres d’accéder à un niveau de vie acceptable pour que la scolarisation des enfants ne constitue plus une lourde charge financière.
Organiser des séances d’IEC et de CCC[2] avec les agents socialisateurs, afin de lever les obstacles culturels et les réticences à la scolarisation des filles aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, en dénonçant, les pratiques de mariages forcés et précoces ; cette initiative devrait s’accompagner d’une valorisation de l’image de la femme en général et de la femme instruite en particulier. Ces séances d’éducation devront aussi dénoncer les pratiques néfastes telles que le fait de confier aux filles la charge des enfants en bas âge au point de les empêcher d’aller à l’école.
Valoriser l’image de la femme dans les manuels scolaires. Car comme l’observe Mimché (2006) «A la lecture des manuels scolaires, le quotidien des femmes reste dominé par la vie domestique, comme si elles ne se limitaient qu’à des fonctions de reproduction ». Il est important de faire disparaitre ces habitudes déjà conventionnelles.
Sur le plan scientifique :
Mener des études approfondies sur le sujet, aussi bien qualitatives que quantitatives, afin de connaitre la perception des parents sur la scolarisation des filles. Cela permettra de connaitre les déterminants familiaux de la scolarisation. Il serait intéressant que ces études tiennent également compte autant que faire se peut de l’offre scolaire disponible dans la région.
Footnotes
- Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
- Ministère de l’enseignement de base
- Ministère de l’enseignement secondaire
- Ministère de l’enseignement supérieur
- Ministère de l’emploi et de la formation professionnelle
- Recensement Général de la Population et de l’Habitat
- IEC : Information, Education, Communication; CCC : Communication pour un Changement de Comportement
- Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
- Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
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